
Sur le site Internet des archives de la Mayenne, découvrez en 40 pages une description détaillée de la commune de Le Pas en 1900, rédigée par son instituteur.
A Le Pas, « la majeure partie de la population se livre à la culture de la terre. Le reste, au chef-lieu, exerce les professions les plus utiles à la campagne : celle de charron, de menuisier, de sabotier, de maréchal ferrant… » Cela ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui. Mais c’est ainsi que François Duroy, instituteur à Le Pas, décrit sa commune en 1899, sur une quarantaine de pages, de la belle écriture manuscrite d’un enseignant de la 3e République.
En effet, en cette année 1899, en vue de l’exposition universelle de 1900, l’inspecteur académique de Laval demanda à tous les instituteurs de la Mayenne de rédiger une monographie de leur commune, suivant un plan imposé. Ces documents sont aujourd’hui accessibles sur le site Internet des archives départementales. La monographie dédiée à Le Pas est passionnante.
L’instituteur nous apprend ainsi que les Passereaux étaient au nombre de 1395, dont 200 au bourg, en 1900 et constate qu’en 1840, ils étaient 1872. Il commente : « Il faut attribuer cette tendance à l’émigration malheureuse des campagnes vers les villes, vers Paris surtout. » Et il calcule « …que la densité de la population est d’environ 67 habitants par kilomètre carré, un peu inférieure à la densité moyenne de la France (71 hab./km²) »
Cette population était instruite, en obtenant le certificat d’étude, « chaque fois que possible. »
L’âge moyen des décès était de 42 ans.
La monographie liste tous les villages de la commune (les mêmes qu’aujourd’hui) en précisant le nombre de « feux » (foyers ou familles), et le nombre d’habitants. Ainsi la Croulardière avait 4 feux et 15 résidents (pour aucun permanent aujourd’hui) et les Crochats, 8 feux pour 30 habitants (contre 3 familles et 8 habitants maintenant).

Il est constaté que la commune avait eu trois châteaux (Moussay, Bas-Cocherie, Haut-Cocherie), mais en 1900 : « ces propriétés sont l’une (du Moussay), exploitée par un fermier ; la seconde (Bas Cocherie), devenue hospice ; la troisième (Ht Cocherie) sert de maison de campagne) »
Il y a aussi eu 5 moulins sur les cours d’eau : Follas, Crochats, Bazeille, le Buron, et Vilfeu.
Pour l’agriculture, notre instituteur identifie à l’hectare près la surface dévolue à chaque culture. Essentiellement des céréales, mais aussi « 20 hectares en carottes et 20 en betteraves, 80 en pommes de terre. »
Il constate avec satisfaction les progrès de l’agriculture : augmentation des surfaces cultivables par l’asséchement des étangs et la réduction des forêts, suppression de la jachère en passant à un assolement sur 3 ans, utilisation d’engrais chimiques (phosphates), et l’introduction de machines agricoles. Néanmoins : « Ce qu’il y a cependant à regretter pour l’emploi de ces instruments, c’est la grandeur restreinte des pièces de terre et l’ancienne plantation des arbres fruitiers à travers champs. »
La circulation à cette époque reste bien sûr limitée et ne constitue pas encore une nuisance, comme le note l’instituteur : « Les routes sont fréquentées et donnent une certaine animation qui le soustrait à une certaine monotonie ordinaire des localités peu populeuses. » Le texte ne parle pas de bureau de poste, mais de deux facteurs venant d’Ambrières et du télégraphe accessible à Couesmes.
M. Duroy liste avec précision le nombre d’animaux : « …on sait que la commune nourrit : 457 chevaux, 34 taureaux, 40 bœufs, 300 vaches, 800 bouvillons ou génisses, 100 jeunes veaux et 250 moutons ; 300 porcs. » Il y avait en plus 400 ruches.
La durée moyenne de travail de l’ouvrier agricole est de 12 h par jour, moins en hiver, plus en été.
L’instituteur estime que les habitants de Le Pas sont plutôt aisés en particulier grâce à la vente de génisses et de poulains. Néanmoins pour les plus pauvres le bureau de bienfaisance distribue environ 250 kg de pain deux fois par mois ainsi que des vêtements et du bois en hiver. Par ailleurs, l’hospice offre 6 lits pour vieillards indigents, dont 2 réservés à Couesmes.
Nous découvrons le nom du maire, de l’adjoint et des 13 conseillers. La plupart de ces noms sont toujours représentés sur la commune aujourd’hui. Seuls 412 électeurs sur les 1395 habitants de la commune ont pu les élire. En effet la loi électorale de 1875 ne donne le droit de vote qu’aux hommes de plus de 21 ans. Les finances de la commune sont saines, en particulier grâce aux concessions au cimetière.
Le document décrit aussi avec précision l’histoire de l’école des garçons et de l’école des filles ainsi que celle de l’église. La monographie se termine sur 12 dictons ou traditions ayant cours à l’époque, dont voici le 3e :
« Le dimanche d’après le baptême, le parrain et la marraine vont dîner chez la commère portant le gâteau et passent le temps des vêpres à riboter jusqu’à la nuit. »